mardi 8 mai 2018

Favoriser la professionnalisation de l’enseignement et l'efficacité du système éducatif

Nous pouvons mettre en évidence trois facteurs d’organisation qui contribuent à une professionnalisation de l’enseignement et à l’efficacité du système éducatif :

(Photographie : Miet Van Hee)


Transferts de responsabilités avec contreparties


L’enseignement obligatoire ne se traduit pas par la réussite scolaire du plus grand nombre d’élèves. L’échec scolaire d’une part relativement importante des élèves est une problématique réelle dans certains systèmes éducatifs, plus particulièrement en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Une manière d’y répondre va dans le sens de la professionnalisation des enseignants. Elle est de transférer une partie des ressources et des responsabilités vers les établissements scolaires.

En contrepoids, ces transferts de pouvoir s’accompagnent de la mise en place de nouveaux mécanismes de contrôle des performances.

Cet aspect de la professionnalisation se traduit par un accroissement de l’autonomie des enseignants et le fait de favoriser leur participation à la gestion collective des établissements.

Cette démarche va dans le sens de rapprocher les universités et les écoles, les chercheurs et les enseignants. Le pacte d’excellences en Fédération Wallonie-Bruxelles avance dans ce sens. Toutefois, il s’agit d’un changement culturel profond qui doit s’accompagner du développement de nombreuses compétences nouvelles et doit pouvoir bénéficier d’un accompagnement et d’une expertise extérieure au fonctionnement habituel des établissements scolaires.


Augmenter la qualité de la formation initiale et continuée


Une dimension essentielle de l’amélioration passe par les compétences des enseignants. Dans cette perspective, il convient d’offrir aux futurs enseignants une formation de haut niveau intellectuel. L’ambition est de développer des compétences professionnelles basées sur des savoirs scientifiques. Ce haut niveau de qualité doit se poursuivre et s’intensifier dans le développement professionnel, afin de soutenir le développement de l’expertise des enseignants, essentielle à l’amélioration du système éducatif.

Les autorités éducatives souhaitent également faire passer l’enseignement et les enseignants :
  1. D’une vision routinière de la pédagogie à une conception innovatrice et réflexive fondée sur des données probantes et sur un pilotage par les données.
  2. Du respect des règles et routines scolaires à une éthique professionnelle au service des élèves et de leurs apprentissages, qui met en avant l’importance des attitudes professionnelles.
  3. Du rôle de fonctionnaire à celui de professionnel autonome, mais dès lors aussi imputable de ses choix, ce qui nécessite une évaluation de l’enseignement à l’échelle des établissements scolaires à travers un contrat d’objectifs négocié.

La professionnalisation amène à considérer les enseignants comme des experts de la pédagogie et de l’apprentissage, mais également de leur contexte professionnel. Ils basent leurs pratiques professionnelles sur des connaissances scientifiques et sur les besoins objectifs de leurs élèves.

Toutefois, comme en médecine ou en ingénierie, la recherche ne doit pas se limiter à produire des connaissances théoriques ou fondamentales. Elle doit être au service de l’action professionnelle et se traduire par un accroissement des compétences pratiques des enseignants.

La professionnalisation de l’enseignement induit une vision réflexive de l’acte d’enseigner et sur le pilotage des établissements scolaires. L’enseignement n’est plus une activité que nous exécutons, mais une pratique à laquelle nous devons réfléchir, que nous devons problématiser, objectiver, critiquer, améliorer, et cela dans le contexte spécifique de nos établissements.



Construire une base de connaissances scientifiques en éducation


Une activité, pour être déclarée de nature professionnelle, doit reposer sur des connaissances scientifiques validées et issues de la recherche. Ces connaissances doivent avoir, pour les professionnels, une efficacité pratique. Tel est le cas, par exemple, de la connaissance en médecine et en ingénierie.

Depuis le lancement du mouvement de professionnalisation dans les années 1980, s’est développé un vaste champ international de recherche. Celui-ci vise à définir la nature des connaissances à la base de l’acte d’enseigner et à promouvoir celles qui sont utiles et efficaces pour la pratique enseignante. 

L’écart entre les connaissances établies sur l’enseignement et l’apprentissage par la recherche et ce qui est appliqué effectivement dans les établissements scolaires devrait être réduit. Ce processus ne peut se faire que par plus de transferts et d’échanges de connaissances entre la recherche et le quotidien de la profession d’enseignant.



Mis à jour le 07/01/22

Bibliographie


Tardif, M. (2013). « Où s’en va la professionnalisation de l’enseignement ? ». Tréma, Revue internationale en sciences de l’éducation et didactique, Université de Montpellier, no 40, décembre 2013, p. 43-60.

Tardif, Maurice « DE L’USAGE POLITIQUE DES DONNÉES SCIENTIFIQUES » (2017) http://plus.lapresse.ca/screens/a913a92c-9428-4b96-bc53-75bae0704f91%7C_0.html

Jarraud, François. Maurice Tardif : Résister à l’école à deux vitesses (2017) http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/11/1211MauriceTardif.aspx

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